Syndrome du miroir

"Nous sommes intrigué par notre visage dans un miroir qui n'est jamais tout à fait ce à quoi nous nous attendons".

Corolaire, nous croyons à priori que l’autre partage les mêmes informations que nous, la même combinaison de ces informations, la même représentation des choses, le même paysage mental. 

A ce titre, contrairement aux différences culturelles visibles, le fait de partager une même langue peut renforcer la conviction que nous partageons les mêmes représentations mentales. 

C’est toute la question de l’altérité et de son intégration dans nos mécanismes intellectuels de décision, de dialogue, de négociation, etc.

Ce syndrome nous invite à vérifier plus systématiquement les définitions, les enjeux,les objectifs, le souhait des uns et des autres.

Fonction publique : un site ressources : l'ACPAP

L’ACPAP est une association canadienne regroupant les écoles, les programmes et les départements engagés dans l’enseignement et la recherche en administration publique. Cette association, qui existe depuis trente ans, a pour mission d’améliorer la qualité de l’enseignement et la recherche dans ce domaine. Elle représente aussi les intérêts communs des chargés de programmes et de cours en administration publique dans les établissements collégiaux et universitaires.

Le site http://www.acpap.ca/

Fondamentaux

"C'est si facile de faire des discours rassurants.
Encore plus facile de fuir son courage managérial.
Surtout quand on utilise froidement son pouvoir hiérarchique.

Le mensonge et le non respect des accords sont pourtant des germes terribles de défiance et de rupture.

Une violence sociale que l'on sème si facilement..."

Accrocs dans l'étoffe de l'Univers

Journal Le Monde -12/03/2011

Pour expliquer la vitesse de rotation des galaxies, des chercheurs ont imaginé la matière noire. Mais une théorie alternative se renforce

L'histoire - bien connue mais sans doute apocryphe - veut que c'est en voyant une pomme tomber de son arbre qu'Isaac Newton eut l'idée de formuler la première théorie de la gravitation. C'était à la fin du XVIIe siècle. Le savant anglais ne se doutait alors probablement pas qu'il venait de donner à la physique matière à réfléchir pour plusieurs siècles. En témoignent plusieurs travaux récemment publiés, qui bousculent la représentation standard de l'Univers (fondée sur la relativité générale d'Albert Einstein) et l'un de ses corollaires immédiats, l'existence de la fameuse " matière noire ".

Il n'est cependant plus question de pommes qui tombent. Mais plutôt de galaxies qui tournent. Dans les années 1930, avec les moyens de l'époque, les astronomes réalisent déjà que la vitesse de rotation des galaxies ne correspond pas à la masse que l'on y distingue. Elles tournent trop vite pour le peu de matière qu'elles semblent contenir - c'est-à-dire principalement les étoiles et les nuages de gaz interstellaire.

Or, lorsque les observations ne correspondent pas aux lois de la nature, les physiciens ont deux alternatives : changer les lois de la nature, ou se convaincre que les observations sont incomplètes. C'est cette dernière option qui tient le haut du pavé. Pour expliquer cette rotation anormale des assemblées d'étoiles, les physiciens émettent le postulat de l'existence d'une " matière noire " (ou " matière sombre "), invisible, d'une nature inconnue et formant environ 85 % de toute la matière présente dans l'Univers... Ce choix audacieux - imaginer la présence de quelque chose d'à la fois invisible et inconnu - s'est pour l'heure révélé fructueux. La matière noire est aujourd'hui l'un des piliers du modèle cosmologique standard, validé par de nombreuses observations.

Pourtant, certains scientifiques suivent une autre voie. Pour eux, il faut revoir la théorie de la gravitation : ajouter une hypothétique matière manquante ne résoudra pas tous les problèmes. En 1983, le physicien Mordehai Milgrom (Institut Weizmann à Rehovot, Israël) a ainsi proposé une formule mathématique proposant une description alternative de la gravitation - c'est la formule dite " MOND " (pour Modified Newtonian Dynamics). Une gravitation modifiée qui explique la rotation des galaxies sans recourir à la matière noire.

Minoritaires, les " mondistes " voient cependant leur position renforcée par la publication imminente, dans la revue Physical Review Letters, d'une nouvelle mesure de la vitesse de rotation de certaines galaxies, rapportée à leur masse visible. Cette dernière se révèle être toujours proportionnelle à la vitesse de rotation élevée à la puissance quatre... " Or, cette propriété est absolument prédite par la formule MOND ", explique l'astronome Françoise Combes (Observatoire de Paris). " Il est vraiment remarquable qu'on puisse déduire avec précision la vitesse de rotation d'une galaxie à partir de sa seule masse visible ", renchérit Luc Blanchet, physicien (CNRS) à l'Institut d'astrophysique de Paris.
En effet, si celle-ci ne représente qu'une petite fraction de la masse galactique totale, il n'y a aucune raison qu'elle puisse rendre compte, à elle seule, du mouvement de la galaxie. " Sauf si la matière noire est intimement et localement liée à la matière visible. " Ce qui est inexplicable dans le cadre du modèle cosmologique standard.

Est-ce à dire qu'il faille désormais tout revoir ? Ce serait trop simple. Car, comme le dit Mme Combes, " MOND a aussi des défauts. Elle explique bien les mouvements des étoiles dans les galaxies, mais ne parvient pas à décrire les mouvements des galaxies au sein des amas de galaxies ", poursuit-elle. De plus, les récentes cartographies du fond cosmologique diffus - la première lumière émise par l'Univers, il y a quelque 13 milliards d'années - plaide en faveur de l'existence de cette fameuse matière invisible. " Dans le rayonnement diffus, on "voit" dans les données une composante de matière noire sous forme de particules, ajoute M. Blanchet. Tous ceux qui étudient la formation de l'Univers ou ses très grandes structures n'ont guère de doutes sur son existence. "Pourtant, d'autres observations récentes, à l'échelle des galaxies, disent tout autre chose. Et suggèrent que la gravitation est parfois sujette à d'étranges comportements. L'étude des galaxies dans l'Univers local, à moins de trente millions d'années-lumière autour de la Voie lactée, a ainsi montré que beaucoup des plus grandes d'entre elles se situaient dans les zones les moins denses.

Une synthèse de la littérature sur le sujet, publiée en juin dans Nature par l'astronome canadien Jim Peebles (université de Princeton, Etats-Unis), montre là encore d'inattendues facéties de la gravitation. " Si on suit le modèle standard, les grandes structures doivent se former grâce à la gravitation, par agglomérations successives de structures plus petites : on s'attend donc plutôt à ce que les galaxies les plus grandes soient dans les zones les plus densément peuplées, explique l'astronome Benoît Famaey, chercheur (CNRS) à l'Observatoire de Strasbourg. Or, on en trouve "trop" dans les zones peu peuplées. "De même, des observations de John Kormendy (université du Texas, Etats-Unis), publiées en septembre dans Astrophysical Journal, ont montré que nombre de grandes galaxies ne comportaient pas de bulbe central - ce renflement sphérique d'étoiles situé près du centre galactique.

Voilà un autre accroc au modèle standard : " Les simulations se révèlent jusqu'à présent incapables de reproduire la formation de telles galaxies ", dit M. Famaey... " En somme, il faudrait modifier les lois de la gravitation à l'échelle des galaxies et ajouter de la matière noire à l'échelle des plus grandes structures de l'Univers, résume M. Blanchet. C'est à la fois fascinant et extrêmement troublant. "

D'autant plus troublant qu'à ce jour la nature de cette énigmatique matière noire, cette " rustine " posée sur la relativité générale, demeure inconnue. Plusieurs expériences tentent de mettre en évidence des particules très massives qui traverseraient notre monde en interagissant très faiblement avec la matière " normale ".
En observant suffisamment longtemps des cristaux de germanium et de silicium, ou encore du xénon liquide, certaines équipes cherchent à observer cet événement présumé très rare : le choc d'une particule de matière noire contre un noyau d'atome de matière ordinaire. " Des annonces ont été faites, mais aucune n'a, pour l'heure, réussi à convaincre qu'un tel événement avait bel et bien été détecté, soit parce que le résultat a été contredit par d'autres expériences, soit parce que le signal n'était pas encore statistiquement assez significatif ", dit M. Famaey.

Une chose semble sûre : les expériences en cours ont le potentiel, à horizon de quelques années, de trancher la question. Et de démontrer ou d'exclure raisonnablement la présence de ces particules de matière noire. De même le Large Hadron Collider (LHC) du CERN (organisation pour la recherche nucléaire) devrait être capable de démontrer expérimentalement l'existence de particules-partenaires dites " supersymétriques " aux particules de matière ordinaire. Or, celles-ci sont aujourd'hui les meilleures candidates pour constituer la fameuse matière noire...

Las ! Les premiers résultats du LHC sont négatifs : aucune particule supersymétrique n'a, pour l'heure, été détectée dans le grand accélérateur. " Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions, prévient M. Blanchet. Il faut attendre encore deux ou trois ans pour pouvoir conclure. " La physique est à un moment-clé de son histoire.
Stéphane Foucart