Modèle du Stress de Karasek + Questionnaire

Le modèle de Karasek s'intéresse à la mesure du stress au travail. Il a été conçu par le sociologue et psychologue américain Robert Karasek en 1979. Il évalue l'intensité de la demande psychologique à laquelle est soumis un salarié, la latitude décisionnelle qui lui est accordée et le soutien social qu'il reçoit.
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Mod%C3%A8le_de_Karasek


2 types de facteurs de stress sont croisés, la demande (forte vs faible) faite à l'individu, et le contrôle (fort vs faible) exercé par l'individu sur son activité. La notion de soutien social (pratique, émotionnel, informationnel) est centrale et dans ce modèle, les activités les plus stressantes seraient donc selon Karasek, celles où la personne a un soutien social faible, avec a) une demande forte et b) un contrôle faible. Nous pouvons selon cette optique, citer comme exemples de professions stressantes "serveur", "caissière".





LE QUESTIONNAIRE DE KARASEK
ET LE CALCUL DES SCORES
Les facteurs de risques psychosociaux au travail sont décrits ici à partir d’un outil internationalement utilisé, le questionnaire de Karasek, du nom de son principal initiateur, un sociologue nord-américain [1].
Ce questionnaire évalue trois dimensions de l’environnement psychosocial au travail : la demande psychologique, la latitude décisionnelle et le soutien social.
Il comporte 26 questions : neuf pour la demande psychologique, neuf pour la latitude décisionnelle, huit pour le soutien social. Les réponses proposées sont : « Pas du tout d’accord, Pas d’accord, D’accord, Tout à fait d’accord », ce qui permet de les coter de 1 à 4 et de calculer un score pour chacune des trois dimensions. On calcule ensuite la valeur de la médiane de chacun des scores, c’est-à-dire la valeur qui partage l’ensemble de la population enquêtée en deux parties égales : la moitié des salariés se situent au-dessus de ce score, et l’autre moitié au dessous. Le « job strain » est défini comme une situation où la demande psychologique est supérieure à la médiane et la latitude décisionnelle inférieure à la médiane, ce qui constitue une situation à risque pour la santé [1, 2, 6, 7, 8].
L’axe « Demande psychologique » regroupe trois sous-axes :
Quantité - Rapidité
Q10 - Mon travail me demande de travailler très vite
Q12 - On me demande d’effectuer une quantité de travail excessive
Q13 - Je dispose du temps nécéssaire pour exécuter correctement mon travail
Complexité - Intensité

Q14 - Je reçois des ordres contradictoires de la part d’autres personnes
Q11 - Mon travail me demande de travailler intensément
Q15 - Mon travail demande de longues périodes de concentration intense
Morcellement - Prévisibilité
Q16 - Mes tâches sont souvent interrompues avant d’être achevées, nécessitant de les reprendre plus tard
Q17 - Mon travail est très bousculé
Q18 - Attendre le travail de collègues ou d’autres départements ralentit souvent mon propre travail
> Le score de demande psychologique est donné par la formule :
Q10+Q11+Q12+(5-Q13)+Q14+Q15+Q16+Q17+Q18 =
L’axe « latitude décisionnelle » regroupe trois sous-axes :

Latitude ou marges de manœuvre

Q4 - Mon travail me permet de prendre souvent des décisions moi-même
Q6 - Dans ma tâche, j’ai très peu de libertés pour décider comment je fais mon travail
Q8 - J’ai la possibilité d’influencer le déroulement de mon travail
Utilisation actuelle des compétences
Q2 - Dans mon travail, j’effectue des tâches répétitives
Q5 - Mon travail demande un haut niveau de compétence
Q7 - Dans mon travail, j’ai des activités variées
Développement des compétences
Q1 - Dans mon travail, je dois apprendre des choses nouvelles
Q3 - Mon travail me demande d’être créatif
Q9 - J’ai l’occasion de développer mes compétences professionnelles
Le score de latitude décisionnelle est donné par la formule :
4xQ4+4x(5-Q6)+4x(Q8)+2x(5-Q2)+2x(Q5)+2x(Q7)+ 2x(Q1)+2x(Q3)+2x(Q9) =

L’axe « soutien social » distingue le soutien professionnel ou émotionnel, en provenance des supérieurs ou des collègues :
Le soutien professionnel :

- par les supérieurs :
Q22 - Mon supérieur réussit facilement à faire collaborer ses subordonnés
Q21 - Mon supérieur m’aide à mener ma tâche à bien
- par les collègues :
Q23 - Les collègues avec qui je travaille sont des gens professionnellement compétents
Q26 - Les collègues avec qui je travaille m’aident à mener les tâches à bien
Le soutien émotionnel :
- par les supérieurs
Q20 - Mon supérieur prête attention à ce que je dis
Q19 - Mon supérieur se sent concerné par le bien-être de ses subordonnés
- par les collègues
Q25 - Les collègues avec qui je travaille sont amicaux
Q24 - Les collègues avec qui je travaille me manifestent de l’intérêt
Le score de soutien social est donné par la formule :
Q19+Q20+Q21+Q22+Q23+Q24+Q25+Q26
« Job strain » et « isostrain »
Le « Job strain » ou « tension au travail » est la combinaison faible latitude/forte demande. En pratique, si le score de demande psychologique est supérieur à 20 et le score de latitude décisionnelle inférieure à 71, le salarié est dans le cadran « tendu », et donc considéré en situation de « job strain ».
L’Isostrain est la combinaison d’une situation de job strain et d’un faible soutien social, inférieur à 24.
Une étude a évalué les qualités psychométriques de cette version française du questionnaire et l’a validée d’un point de vue statistique [3]. L’enquête SUMER permet donc de disposer d’une base de données pertinentes sur les facteurs psychosociaux en France, permettant des comparaisons y compris au niveau international. Une étude statistique transversale comme SUMER ne peut pas répondre à la question de savoir si des « difficultés psychologiques » altéreraient la perception de certains salariés sur leurs charges psychologiques et sur leurs marges de manoeuvre au travail. Par contre, des études longitudinales apportent des réponses à cette question. Si on entend par « difficultés psychologiques » des traits de personnalité, des études épidémiologiques ont montré qu’en prenant en compte des facteurs relatifs à la personnalité, les associations entre facteurs psychosociaux au travail et les indicateurs de santé étaient inchangés [9]. Des études prospectives ont montré des effets prédictifs des facteurs psycho-sociaux au travail sur le développement d'une symptomatologie anxio-dépressive chez les salariés qui y sont exposé [10].

Source : in Premières synthèses - Mai 2008 - n°22.1